La Plage - juillet, août 2005 > 2015

La plage.

Ce lieu en équilibre entre la terre ferme et la mer mouvante, ce lieu où les corps vacants, débarrassés de leur bleu de travail, déshabillés de leur fonctionnalité, prennent le temps de se suspendre à la pensée des autres. 

Joë Fernandez, en choisissant le papier kraft, fusionne la couleur chair des corps avec celle du sable. En quelques lignes souples tracées à la pointe fine d’un feutre, il nous propose des instantanés de scénettes dans un paysage animé de pois, rayures et autres motifs semblables les uns aux autres. Mais ces scénettes dépassent les frontières de la plage, elles deviennent universelles. Nous nous prenons à penser à la place des personnages. Nous nous prenons à penser à la place de ces objets. Comme ce « brise-vent 3 », dont seul le vent fait claquer la solitude. L’absence de l’Homme alors ne fait que renforcer sa présence, il émerge de tous les coins du kraft. Cet objet humain gonflé de solitude nous renvoie, encore une fois, à des histoires d’Hommes.

Parce que Joë Fernandez, d’un coup de feutre, nous raconte mille histoires : histoires d’objets suspendus aux corps ; histoires de corps suspendus aux Hommes ; histoires de votre regard suspendu à une image.

La série La plage parle de chacun de nous : un équilibre entre terre ferme et mer mouvante.

 

Jean-Claude Goiri.

Série La plage (dessins) - 2005 / 2015

 

 

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Corps Suspendus - 2015 (recueil en collaboration avec J.C. Goiri)

Les Corps Suspendus (recueil, texte de présentation)

 

Les textes sont inspirés des dessins de la série "La Plage" et non l'inverse d'après une série reliée par une thématique : la plage. Instantanés de corps vaccants, suspendus dans l'espace temps.

Nous avons décidé de prendre cette constance comme une invitation au mouvement : ne choisissant pas d'illustrer les dessins, nous avons tenté de comprendre l'essence du geste artistique, de sa représentation au monde, du signifiant de ces corps suspendus dans l'image.

Nous avons installé "une correspondance" entre l'image graphique et l'image textuelle.

Ainsi , "Les corps suspendus"...

 

... au corps des autres; Corps suspendus à la parole des uns, à la pensée des autres. Corps suspendus à la création, cette part ductile de l'être qui nous permet de topographier nos territoires afin d'en abolir les frontières.

Ainsi, soulevant nos paupières, nous observons l'extraordinaire quotidien de l'autre. Et puis transcrire, par écrit, par dessins, les ébats du corps et de tout ce qui le soulève.

Comprendre que chaque geste est essentiel. Le moindre mouvement de chacuns de nous se matérialise alors dans la permanence d'un mouvement générale.

Mais rien n'est "masse", rien n'est vulgaire.

Parcequ'il n'y a pas de commun des mortels. Il n'y a que des singuliers du vivant.

 

J.C. Goiri / J. Fernandez