Tissus - 2000 / 2004 : la "figuration" minimal des tissus pour questionner l'acte pictural

"Mates la peinture II", acrylique sur toile à matelas.

Mate la peinture.
Une limite, une frange, un exercice d'équilibre difficile et périlleux : voici des réflexions qui peuvent venir à l'esprit lorsqu'on découvre les oeuvres de J. Fernandez.
En choisisant, comme matériau/support de ses peintures, de la toile industrielle (toiles à matelas), l'artiste pose une fois encore la question du jeu complexe entre art et réalité, entre art et monde "post-moderne".
Ses tableaux nous proposent un dialogue avec l'histoire de la peinture mais aussi avec le parcours antérieur du peintre. c'est avec une pointe de causticité et beaucoup de sens critique que J. Fernandez interroge l'art abstrait géométrique issu du XXème siècle. Quelles sont les limites de l'abstraction ? La géométrie n'est-elle pas symptomatique du monde industriel et de sa froideur technologique ? A ces questions (et à beaucoup d'autres!) le peintre apporte des réponses.
Tout d'abord en témoingnant de la capacité de la peinture à relever le défi de sa propre existence. C'est également notre mémoire qui est convoquée.
Certaines oeuvres jouent des codifications que le monde de l'art a mis en place : face à certains agencements de lignes se sont des "grands genres" établis depuis le XVII ème que l'artiste revisite (la figure, le paysage, les marines) sans oublier certains aspects de la peinture religieuse (les polyptiques, les annonciations...).
Au sein d'un parcours extrêmement cohérent, l'artiste nous propose des peintures qui tout en affirmant leur identité nous place en porte à faux et nous interdisent toute paresse du regard. Se sentir héritier du passé (on sait la passion du peintre pour Velasquez) n'exclut jamais chez J. Fernandez la nécessité d'être en prise direct avec son époque.

 

J.P. Dupuy

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